Thomas Weber
«Depuis que j’ai commencé la sophro, j’ai
gagné tous mes combats. Elle m’a donné une
grande confiance en mes moyens; ainsi, je
peux mieux anticiper les mouvements de
l’adversaire, les esquiver et profiter des ouvertures
» (témoignage de Flavio Turelli,
boxeur). (1)
«Je voulais améliorer l’état de ma vie. Mais
plus je faisais de la sophrologie, plus mon moral
baissait. Je devenais dépressive, je n’avais
plus goût à rien et perdais l’espoir.» (Témoignage
de W.D., une jeune femme domiciliée
dans le canton de Vaud).
Depuis 30 ans environ, la sophrologie
s’est largement répandue en Suisse et en
France. Aujourd’hui, elle a trouvé son entrée
dans de nombreuses institutions du secteur
privé et public, entreprises, écoles, hôpitaux
et organisations sportives.
Mais de quoi s’agit-il en fait? Le Larousse
définit la sophrologie comme une «méthode
visant à dominer les sensations douloureuses
et de malaise psychique par des techniques
de relaxation proches de l’hypnose».Pour
son fondateur, le professeur Alfonso Caycedo,
«la sophrologie est l’étude de tous les changements
d’états de conscience de l’homme,
obtenus par des moyens psychologiques,physiques
ou chimiques, ainsi que l’étude de leurs
possibilités d’application en thérapie, en prophylaxie
et en pédagogie (2)... Ainsi, la sophrologie
est à la fois une science, une philosophie,
une thérapie et un art». (3)
L’objectif de cette discipline est d’équilibrer
l’homme dans sa totalité et de l’aider à
mieux maîtriser son existence par le développement
de sa «conscience totale». Cela peut
impliquer le traitement et la prophylaxie de
troubles fonctionnels tels que l’insomnie, les
peurs et angoisses diverses, l’anorexie, la boulimie,
le stress, etc. Les applications pédagogiques
se situent surtout dans les domaines
de l’accouchement, des opérations, dans la
préparation à la mort, aux examens et aux
compétitions sportives.
Dans sa compréhension philosophique, la
sophrologie ambitionne d’améliorer la qualité
de la vie dans tous les domaines: renforcement
de l’amour, pensée positive, harmonisation
de l’être,développement de la responsabilité
et même de la spiritualité.
Méthodes et techniques
La sophrologie appréhende l’homme dans sa
globalité (esprit, psyché et corps), en réaction
à la médecine traditionnelle qui, souvent, s’intéresse
plus à la maladie qu’au malade.
A côté de ses propres techniques - re-
laxation dynamique et sophronisation de
base (un état entre veille et sommeil très
propice à la suggestion) - la sophrologie a
adopté dans son arsenal d’autres méthodes,
plus anciennes, telles que le training autogène
de Schultz ou encore l’hypnose.
Une origine orientale et
occidentale
Le fondateur de la sophrologie est un neuropsychiatre
d’origine colombienne, le docteur
Alfonso Caycedo. Insatisfait des méthodes
psychiatriques inhumaines appliquées dans les
années cinquante, il chercha de nouvelles
pistes, notamment dans l’hypnose, et dans les
techniques orientales, apprises lors d’un séjour
prolongé auprès des plus grands maîtres
en Inde.
La recherche de la conscience
Un des premiers disciples de Caycedo fut le
Dr Raymond Abrezol, chargé plus tard d’enseigner
et de diffuser la sophrologie en Europe
et aux Etats-Unis. Né d’une mère juive et
d’un père protestant, élevé par une nurse fervante
catholique, il semble avoir vu beaucoup
de religiosité et d’hypocrisie judéo-chrétienne,
en tout cas assez pour se déclarer «profondément
déçu du christianisme» (4).Toujours
en quête de Dieu, ou selon lui du
«champ spinoriel de la proto-matière» ou de
la «conscience cosmique», il toucha à l’islam, à
l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers
jours (mormons), à l’hindouisme, avant de
trouver sa voie dans le bouddhisme qui, selon
lui, influence fortement la sophrologie moderne.
Très ouvert à tout ce qui touche à la
conscience, il continua de se former en psychologie
analytique à l’Institut de Jung à Zürich,
acquit un diplôme en médecine chinoise et
conduisit de nombreuses recherches autour du
globe. Il s’est intéressé de près aux «crises de
possession» d’esprits lors des cérémonies
vaudou. D’ailleurs, une thérapie sophrologique
s’inspire directement des danses en
transe de cultes afro-brésiliens. Il s’agit de la
«terpsychoretransthérapie» (TTT).
Expansion du mouvement
La sophrologie s’est répandue surtout en
Occident.Toutes les sections de sophrologie
sont chapeautées par la fédération mondiale,
qui se trouve à Bogota (Colombie). La Suisse
héberge le siège international de sophrologie
médicale, présidé par M.Abrezol, et une association
de sophroprophylaxie.
En Suisse,de nombreux cours sont donnés
chaque année:introduction à la sophrologie,
relaxation dynamique, pensée positive et
sophrologie pour enfants.L’offre en la matière
est complétée par des journées et séminaires
consacrés à des thèmes tels que la gestion
du stress,l’insomnie, l’angoisse, le
rééquilibrage énergétique, la confiance en soi,
arrêter de fumer, mieux gérer ses émotions,
mieux communiquer, etc. (5)
Négation du monde spirituel
Bien que la littérature consacrée à la sophrologie
emploie des termes comme «esprit
» et «spirituel», la réalité du monde spirituel
tel que le comprennent les chrétiens,
mais aussi les animistes et hindous, reste toujours
occultée. Par exemple,M.Abrezol
considère que «la transe cultuelle n’est rien
d’autre qu’un état hypnotique à caractère religieux
».
En sophrologie, le centre même d’un être
humain est sa conscience, terme d’ailleurs qui
n’est pas vraiment définissable pour les sophrologues.
Cette discipline, humaniste, place
la conscience «totalement développée» tout
en haut de l’échelle. Elle est également matérialiste
et psychologique, puisqu’elle reconnaît
l’existence de ces deux domaines, contrairement
à l’aspect spirituel.
La suggestion peut-elle remplacer la
vérité?
La sophrologie propose un exercice pratique
pratique
pour vaincre la peur de la mort. Il s’agit
d’un exercice basé sur la suggestion, définie
selon le Petit Robert par «le fait d’avoir une
croyance, une idée, un désir, lorsque cette
croyance, cette idée, ce désir a son origine
dans une autre conscience et que le sujet ne
reconnaît pas l’influence qu’il subit».En
d’autres termes, la suggestion est l’implantation
de croyances extérieures à notre personnalité.
Dans cet exercice donc, d’inspiration essentiellement
taoïste, on effectue un voyage
imaginaire au travers de la vallée du repentir,
où l’on se débarrasse soi-même de sa culpabilité.
Première sonnette d’alarme... Car qui
peut réellement enlever la culpabilité avec
toutes ses racines destructrices telles que
l’amertume, l’insécurité, le rejet? La psychologie
officielle peut contenir cette culpabilité
dans certaines limites. La sophrologie peut
l’éliminer de la conscience par la suggestion,
ce qui apporte un soulagement temporaire.
Mais la suggestion induit-elle réellement la
guérison de la personne? N’induit-elle pas
plutôt un refoulement psychologique, qui ne
fait que repousser l’apparition de la vérité?
Dans la dernière étape de cet exercice,
on traverse la vallée lumineuse de la renaissance,
de la libération, du bien-être total.Une
telle existence après la vie est très attirante,
mais qui peut garantir que les choses se passent
ainsi dans la réalité?
La suggestion sophrologique peut sans
doute apporter une certaine amélioration de
la vie ou de meilleures performances,du
moins pour un certain temps.L’enjeu reste
pourtant énorme: si la croyance suggérée
correspond à la réalité, elle peut s’avérer positive,
apporter une aide; mais si la croyance
suggérée est erronée, la personne se confie
dans une fausse sécurité, qui, tôt ou tard, va
être démasquée et sera d’autant plus douloureuse.
Mais qu’est-ce que la vérité, en fait? A ce
propos, je me souviens avoir rencontré une
dame australienne, philosophe de formation,
professeur d’université. A l’âge de 50 ans, elle
a consacré une année entière à la recherche,
sur un thème qui la passionnait depuis longtemps:
qu’est-ce que la vérité? Elle en est arrivée
à la conclusion qu’«on ne peut pas savoir
ce qu’est la vérité.»
Qui sait la vérité sur notre naissance, sur
la vie après la mort, sur la source de l’amour
inconditionnel, sur la libération de la culpabilité
etc.? Si un garagiste a des problèmes avec
une voiture, il va certainement prendre
contact avec le constructeur, car seul ce dernier
connaît tout les détails de son véhicule
et pourra le renseigner. Mais pourquoi l’homme
a-t-il tant de peine à prendre contact avec
son constructeur, le Dieu vivant?
Dieu s’est révélé en Jésus-Christ pour
que nous ayons la vie en abondance. Ses
bonnes intentions pour nos vies dépassent
largement celles des sophrologues et en plus,
il est tout-puissant pour les accomplir!
Quelle énergie, quels esprits?
Dans certains exercices de sophrologie,
on se donne la main pour faire circuler
l’énergie de l’amour inconditionnel.Personne
ne conteste que l’amour est un besoin fondamental,
mais s’agit-il d’une énergie impersonnelle
qui circule entre des personnes?
Deuxième sonnette d’alarme... Energie il y a –
tous le reconnaissent: les sophrologues, les
danseurs voudou,les yogis, les maîtres spirituels
et les sorciers africains – mais de quelle
«énergie» s’agit-il? Le pasteur Maurice Ray
traite cet aspect dans son excellent livre
Médecine parallèles – oui ou non?». Se basant
sur la Bible et sur sa propre expérience,
il confirme l’existence de telles «énergies»,
dont l’action en soi n’est pas forcément néfaste,
mais dont la divinisation peut mener à
un asservissement à ces mêmes «énergies»,
qui sont, en fait, des autorités et puissances
spirituelles.
Rabi Maharaj, ex-gourou et ex-maître de
yoga, raconte que plus il cherchait à être
meilleur,plus il devenait méchant,conséquence
de l’influence directe des puissances occultes
qui avaient gagné de plus en plus de pouvoir
sur lui (lire en page 39). En Suisse également,
des personnes engagées sans discernement
dans une recherche de relaxation et de méditation
réalisent qu’en cherchant le bien, ils
sont de plus en plus confrontés au mal, qui se
manifeste parfois sous la forme d’esprits.
D’autres ne remarquent rien et se sentent
mieux. On ne peux pas dire de la sophrologie
qu’elle ouvre immanquablement la voie à l’action
destructrice des puissances occultes,
mais le risque est très grand. Elle n’est pas du
tout innocente au niveau spirituel.
Le centre de l’homme est spirituel
Les sophrologues ont (re-)découvert que le
mental de l’homme pouvait agir sur le corps.
Ainsi, on peut – par la suggestion – apprendre
à varier la vitesse du battement du coeur, réchauffer
ou refroidir un membre du corps,ou
bien provoquer une analgésie. Sans vouloir
remettre en question ces faits, qui d’ailleurs
confirment la suprématie du mental sur le
corps, je répète que cela n’est pas tout.Selon
la pensée chrétienne, ancrée dans la Bible et
vérifiée dans d’innombrables expériences et
applications, l’esprit est au centre de l’être humain.
Un esprit sain entraîne une psyché saine,
et une psyché saine entraîne un corps
sain. La sophrologie s’applique à influencer le
corps et la psyché par la conscience, mais elle
ignore la racine d’une psyché saine, d’une
âme saine.Ainsi, elle se limite à traiter les
symptômes plutôt que la racine. Et, sans le
vouloir, elle tombe dans le même piège que
celui qu’elle reproche à la médecine classique!
Par sa conception même, la sophrologie se limite
à fournir des plâtres ou des prothèses,
pour tout ce qui concerne la culpabilité, la
mort, les liens spirituels, les blessures profondes,
etc. La suggestion peut alors conduire
à une insensibilisation dans le domaine spirituel,
car souvent, les douleurs de l’âme ou de
la psyché sont révélatrices d’un malaise spirituel,
tout comme les dysfonctionnements
physiques expriment souvent un malaise psychique.
La lèpre est une maladie terrible qui rend
le corps insensible. Les lépreux ne souffrent
pas de maux physiques, mais leur corps se
blesse et se dégrade peu à peu. C’est ce qui
se produit, au niveau spirituel, lorsque la psyché
ou l’esprit sont insensibilisés.
Heureusement,notre «constructeur»
nous ayant créés âme, corps et esprit, il nous
propose un «traitement radical» et durable,
qui prend le mal à sa source, dans le domaine
spirituel.
Jésus connaît notre insécurité et notre
manque d’amour, il connaît notre stress et
nos insomnies, nos déprimes, nos échecs et
nos manques de motivation, et il y est très
sensible. Il n’attend qu’une chose de nous:que
nous allions le chercher. Même si de nombreuses
personnes ont abandonné l’espoir de
rencontrer le Dieu personnel, aimable, juste
et parfait, Il nous attend toujours, tel que
nous sommes.Son «traitement radical» est
une nouvelle naissance dans l’esprit, un renouvellement
total du centre de notre vie.
A partir de là, Dieu reconstruit notre vie
au fur et à mesure et au fil des années. Il
prend soin de notre santé psychique et physique
et nous amène à la guérison. Jésus donne
durablement la paix, la joie et l’harmonie
de l’âme pour ceux qui viennent à Lui.Telle a
été l’expérience de la jeune femme citée au
début de l’article; dans sa dépression, elle a
décidé de se rapprocher de Jésus et de finalement
croire en Lui.Très rapidement, la lourde
couverture de la dépression s’est levée et a
laissé la place à un bien-être léger et joyeux
dans la confiance en Dieu. Des luttes spirituelles
parfois difficiles ont accompagné ce
pas décisif, mais pour rien au monde elle ne
voudrait revenir en arrière; la qualité de sa vie
actuelle est incomparable avec ce qu’elle a
vécu en pratiquant la sophrologie.
(1) Sophrologie caycédienne, No 14, 3e trimestre 1998
(2) «Le pouvoir de la conscience maîtrisée»,Raymond
Abrezol
(3) Tout savoir sur la sophrologie,Raymond Abrezol
(4) Sophrologie no 3,1998